La croisière du Hareng (et de
l'aqvavit)
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La côte ouest de la Norvège jusqu'à Bergen 2007/2011
- On trouve le joli site de Kirkhaven sur une île à la sortie du fjord de Flekkeford. Amarrage sur le ponton d'un hôtel-restaurant traditionnel en compagnie d'un voilier allemand que nous suivrons jusqu'à Stavanger.
Tentative de remontée jusqu'à Eggersund par vent contraire et mer hachée qui nous obligent à faire demi-tour et revenir à Kirkhaven. Les conditions seront plus propices le lendemain pour cette étape assez longue le long d'une côte accore malgré la présence d'une entrée de fjord très étroite, non balisée et non documentée (Ana Sira).
La deuxième étape jusqu'à Tananger/Stavanger est également assez longue et permet d'en finir avec la partie la plus accore de la côte sud/ouest de la Norvège. Stavanger, très belle ville d'armateurs est devenu le centre de l'activité pétrolière en Mer du Nord. A proximité, le Preikestolen, plateforme surplombant de manière vertigineuse l'un des fjords les plus emblématiques, le Lysefjord.
On s'offre deux jours de navigation avec des conditions idéales à l'intérieur de la baie de Stavanger, qualifiée comme l'un des meilleurs sites nautiques du monde par une revue américaine. Nous partageons cet avis, avant de nous risquer dans Sletta, passage qualifié en revanche de terrifiant en cas de forte houle dans un article de Voiles et Voiliers. Pas une vague dans Sletta mais nous avions été bien secoués au fond du port de Stavanger en raison d'un fort ressac.
L'escale de Haugesund est intéressante, avec un musée de la pêche aux harengs et... une statue de Marylin Monroe, dont le père était originaire de cette ville (la Viking Connection qui a aussi fait Hollywood).
Parcours très scénique en eaux protégées entre îles et continent jusqu'à Bergen, escales à Kopervik, Haugesund, Moterhaven.
Navigation autour de Bergen
Nous avions été bien douchés en arrivant sur Bergen. Pas de surprise, les précipitations, parmi les plus importantes de la côte norvégienne, équivalent à trois fois celles de Paris.
La suite sera beaucoup plus clémente avec un assez beau temps accompagnant nos escales, d'abord dans le port de Bergen, puis ensuite au ponton de mes cousins et de leurs amis (îles d'Askoy et de Tussoy).
Le port de Bergen n'est pas des plus confortables pour le bateau et la coque gardera jusqu'au retour en France la marque des pneus alignés verticalement le long des quais. En revanche, nous sommes au pied des entrepôts hanséatiques qui sont l'emblème de la ville et au profitons de l'animation estivale d'une ville élégante et heureuse de savourer les longues journées d'été. A l'occasion de la fête nationale, nous avons la chance d'assister depuis le bateau au défilé des multiples groupes constitués par des associations aussi variées que celles des amateurs de voitures et de motos anciennes, des vétérans de l'armée ou de la police, des clubs sportifs, des écoles, des corps de métiers. En bref, un "14 juillet nordique", bon enfant et aussi peu militaire que possible. Et de très nombreuses familles norvégiennes arborant avec orgueil leurs costumes traditionnels colorés et ornés de broderies.
Au départ de Bergen, nous effectuons des navigations aussi variées que scéniques vers le fond d'un fjord étroit (Lindas) où nous constatons que l'eau est presque douce ou vers des îles habitées par des pêcheurs et des éleveurs de moutons (Solheim et Glaesvaer). Quelques très beaux louvoyages en eaux assez calmes et quelquefois au raz des rochers.
La navigation se termine avec la mise au sec du bateau sur le site d'un fabricant de vedettes à moteur (Viknes sur l'île d'Askoy, à proximité immédiate de Bergen).
J'ai effectué les démarches suivantes en Norvège :
- souscription d'une assurance auprès de l'équivalent local de la SNSM (environ 80€ pour l'année calendaire),
- déclaration de l'entrée du bateau auprès des autorités douanières (à l'époque l'importation d'un bateau européen était limitée à une durée de 12 mois).
Une traversée manquée vers les Shetland
J'avais prévu de continuer ma navigation vers l'Ecosse avec une traversée de Bergen vers les Shetland (Lerwick), environ 190 milles. Je disposais pour cela d'une dizaine de jours et d'un équipier confirmé. En effet je ne voulais pas faire seul une traversée d'au moins deux jours et deux nuits. Malgré la haute latitude (61° nord) les nuits paraissent encore assez longues à la mi-mai, surtout par temps couvert.
J'avais rassemblé une assez grande masse de données météorologiques correspondant à la deuxième quinzaine de mai et j'en avais déduit un pourcentage de 85% de chances de trouver une fenêtre favorable de 72 heures sur la dizaine de jours réservée à cette traversée. J'avais aussi consulté le patron de la vedette de sauvetage de Haugesund qui m'avait répondu que le principal risque était de trouver la traversée "boring". Un autre navigateur m'avait déclaré avoir effectué cette traversée une bonne douzaine de fois sans encombre.
Hélas, nous sommes tombés sur les 15% de chances défavorables et, après une tentative qui nous a menés à environ le tiers du parcours avec un vent fort de sud, nous avons vu le vent passer au sud-ouest puis à l'ouest et nous sommes résignés à faire demi-tour. Bilan : deux nuits sans presque dormir, l'expérience des hallucinations visuelles (nuages en forme d'hommes en armes, vedettes noires et blanches à la place des crêtes d'écume, plaques de plastique à la place des traînées d'écume), mais la satisfaction que le bateau ait bien supporté un vent de force 7 avec une mer très formée. Principal inconvénient : le manque d'étanchéité du capot coulissant de la descente lorsque les paquets de mer submergent le pont.
En plus de cela, juste avant de partir, un cordage dans l'hélice enlevé très professionnellement par une équipe du Redningsselskapet (la SNSM norvégienne).
Au cours des jours qui suivent le retour à Bergen j'observe une belle brochette de dépressions se formant au niveau de Terre-Neuve et traversant l'Atlantique Nord.
Nous passons quelques jours à naviguer entre le port de Bergen et les îles proches avec un vent soutenu mais des eaux calmes dans les fjords.
Un parcours de Viking en solo
J'avais programmé la poursuite de ma navigation jusqu'à l'Ecosse avec trois rendez-vous avec mes fidèles équipages, successivement aux Shetlands, à l'entrée puis à la sortie du Canal Calédonien. Ce seront les seuls rendez-vous nautiques manqués au cours de neuf saisons. Certains de mes équipiers se consoleront en jouant au golf au lieu de naviguer...
Un peu contraint par le délai d'importation d'un voilier européen en Norvège (12 mois maximum, avec sans doute la tolérance limitée que l'on peut attendre de la part de douaniers scandinaves, même avec des excuses météorologiques), je fais en sorte de quitter assez rapidement la côte norvégienne. Je suis aidé par un vent portant jusqu'à Mandal (240 milles en 4 jours). J'ai plaisir à retrouver trois des escales du parcours aller de l'année précédente : Haugesund, Eggersund, Hidra.
Le parcours de Mandal vers le Danemark (80 milles) commence avec un vent de nord-ouest de force 5 à 6 promettant une arrivée avant la fin de la soirée. Ce vent faiblira progressivement au cours de la journée et l'arrivée se fera au moteur et sans l'aide du pilote automatique, tombé en panne vers le milieu de la traversée. Un voisin de ponton bricoleur m'aidera à le réparer provisoirement avec une petite lanière tirée d'une chambre à air de vélo, solution améliorée ensuite en collant une pièce de 5 centimes d'euro sur l'un des engrenages. Je constaterai par la suite que le pilote avait été mal centré, ce qui a accéléré l'usure de la courroie crantée sur l'une des deux amures. Recommandation : disposer d'une courroie de rechange, très facile à remplacer.
La côte ouest du Danemark est étonnante avec cinq escales successives, dont certaines inoubliables :
- l'immense port de pêche de Hanstholm, véritable musée historique de presque un siècle de chalutiers danois, coques bleu ciel ornées d'un filet rouge vif,
- le port de Hvide Sand et son fascinant Musée des Naufrages (un par semaine sur une période de cinquante ans, souvent de simples échouages mais quelquefois l'obligation pour les villageois d'élever des tumulus de sable pour inhumer des centaines de victimes),
- la pittoresque île de Fanö, et mon dernier village de pêcheurs scandinave avec ses maisons de bois rouge-ocre.
J'aborde l'Allemagne par la très élégante île de Lyst (un peu une Ile de Ré ou un Cap Ferret de la Mer du Nord), ses villas hyper-cossues, ses innombrables boutiques de luxe, de très beaux paysages de landes, de dunes et d'estrans. De la côte allemande de la Mer du Nord, je ne visiterai que quelques îles, dont l'étonnante Heligoland, sorte de rocher de Gibraltar au milieu du Helgolander Bucht, boutiques hors-taxes et surtout magnifiques colonies de fous de Bassan sur les falaises.
Je retrouve ensuite le réseau des canaux et lacs néerlandais entre les frontières allemande et belge. J'effectue un parcours légèrement différent de celui de l'aller (2009), avec notamment une escale à Texel et un passage par Haarlem.
Deux escales un peu austères en Belgique (Zeebruge et Nieupoort), heureusement compensées par la visite de Bruges, Ostende et Knokke-Heist, avec le pittoresque tramway côtier.
En France, en plus des classiques de Manche Est (Boulogne, Dieppe, Fécamp, Le Havre), deux sites non visités à l'aller : Gravelines, la Baie de Somme avec Saint-Valéry et les colonies de phoques sur les bancs de sable.
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